Peindre à en mourir

Je peinds pour evacuer le stress, je peinds pour oublier. Certains font le ménage de fond en comble, mangent plus que de raison, jouent aux echecs, et moi je peinds. L'écriture ne me convient plus, les mots ne sont plus assz puissants pour traduire mes perceptions, j'utilise alors l'image, les couleurs fortes, dures, puissantes et je me retrouve.
C'était un joli week-end de Pâques, j'en ai profité pour ne rien faire si ce n'est peindre. Peindre à en mourir.
Parce-que. Je l'ai vu, il avait un sourire jusqu'aux oreilles il avait l'air heureux. Alors j'ai fait comme si moi aussi j'étais heureuse, comme si moi aussi j'avais trouvé quelqu'un avec qui l'oublier. J'ai ai eu mal au ventre de trop sourire. C'était comme si son prénom était imprimé, gravé sur son front, ce prénom délicat qui rappelle sa beauté à elle, beauté que je n'ai jamais eu et que je n'aurais jamais. Elle que je n'ai qu'aperçu, elle qui marche sur mes pas, elle qui piétine mon souvenirs, elle qui s'approprie notre passé, elle qui surligne mes mots. Je ne veux plus le voir. Je ne peux plus. Ca me fait trop souffrir de ne plus pouvoir palper de nous que cette amitié superficielle et fragile, vouée à disparaître, et qui s'éteint déjà, je la vois palir, se confondre à la brume.
Il faut faire le deuil. Se mettre à distance. L'oublier. Alors je peinds.
Le manque est terrible. Et je n'arrive pas à partager son enthousiasme. Enthousiasme faux je le sais. Après tout ce qu'Elle a vécu, comme je la connais, je sais que cette gaieté éclatante n'est qu'un masque. Elle a été profondément blessée. Elle veut le cacher. 
Alors je ne veux pas lui confier ce qui me pèse tant. Et je ne peux pas. Je n'aime pas me confier. Parce-qu'on a trop de fois trahi ma confiance. Je n'ai jamais trahi personne, moi. J'en ai énormément souffert. Je ne me confie plus. C'est terrible de ne pas se confier. Alors je fais de la peinture ma confidante, mon amie, ma matière, je la laisse imprimer sur le papier mes sensations, mes failles, je la laisse exposer au monde entier qui je suis vraiment, je lui fais confiance. En laissant couler doucement l'eau sur le papier, je panse les plaies qui tardent à se refermer, j'adoucie la souffrance, et atténue les regrets qui me rongent depuis son départ.
Je garde des traces de ces confidances sur les mains. Je me rappelle.

Bande-son: Babyshambles - Fuck Forever
Mots: Le Deuxiième Sexe - Simone de Beauvoir

Comments

[RoseCassis]

Louisette > Le plaisir est partagé =). Merci d'être toujours là, vraiment.

Laurent > Oui, je peinds depuis que je suis toute petite et c'est une vraie issue de secours en ce qui me concerne. Merci. =)

[Louisette]

Juste. Contente de te retrouver. ^^

[laurent]

La peinture est un art magnifique,c'est une matière qui nous aides pour beaucoup de choses...bonne continuation à toi...